La tradition remonte au siècle dernier. A l'époque, révolue, du tirage au sort des conscrits qui s'effectuait à l'Hôtel de Ville, les jeunes hommes de 20 ans faisaient la fête avant d'être appelés à servir sous les drapeaux durant de longues années. Or, pendant le Second Empire, deux jeunes Caladois se présentèrent devant les autorités, vêtus des habits noirs et gibus. L'année suivante, ses successeurs firent de même. La coutume s'instaurait.
En 1880, le Caladois Charles HUGAND fut le premier à vouloir fêter l'anniversaire de son tirage au sort, 20 ans après. Au fil des ans, l'idée a été reprise par d'autres. La tradition était née et ni la fin du tirage au sort en 1905 , ni l'abrogation du Service national en 1998 ne l'a pas arrêtée.
Une charte très précise, édictée à l'époque de la présidence d'Hubert BOULAUD, en a établi définitivement les règles afin d'éviter tout débordement, de maintenir l'esprit de la fête et de maîtriser toute évolution hâtive (tenue des Conscrits, esprit et comportement du Conscrit, etc.).
Tenue et organisation :
Le Conscrit est reconnaissable à sa tenue immuable : le smoking, la chemise blanche, le noeud papillon, les gants, le gibus, l'écharpe blanche ainsi que le bouquet d'oeillets-mimosas qu'il porte pendant toutes les festivités.
Son âge se reconnait à la couleur du ruban qui orne le chapeau (vert pour les 20 ans, jaune pour les 30 ans, orange pour les 40 ans, rouge pour les 50 ans, bleu pour les 60 ans, violet pour les 70 ans et tricolore à partir des 80 ans).
Il faut savoir que chaque classe possède sa propre chanson -humoristique- qu'elle entonne à tout moment de la semaine dans une bonne humeur communicative.
Nulle part ailleurs, la fête des Conscrits n'a pris une telle ampleur. A Villefranche elle cimente les générations à travers une amitié quasi indéfectible, élevée, depuis plus d'un siècle, au rang d'une institution. Entre Conscrits de même classe et de même âge, on se tutoie sans distinction sociale, on s'épaule en cas de difficulté. "Conscrit un jour, Conscrit toujours" dit-on.
Mais attention ! Cela ne concerne que les messieurs.Tradition, oblige.
Textes tirés du livre "Les Conscrits de Villefranche en Beaujolais" de J.J. PIGNARD (Editions de Trévoux/SME)
La Conscription
La Conscription est 'acte qui consiste, pour les jeunes gens ayant atteint l'âge requis pour le service militaire, à se faire inscrire sur les rôles de l'Armée.
La loi du Général Jourdan, adoptée le 5 septembre 1798, institue la Conscription obligatoire. Tous les Français âgés de 20 à 25 ans sont astreints au service militaire et sont tenus de se faire enregistrer sur les tableaux de recrutement de l'Armée. Tout Français en état de porter les armes est soldat de la patrie et fait partie d'une classe qui regroupe tous les hommes nés une même année.
Très vite, il s'avère que les besoins militaires sont inférieurs aux effectifs des classes d'âge. Deux modifications à la loi sont alors apportées :
- En 1802, est instauré le remplacement.
- En 1804, est créé le système du tirage au sort par numéro.
La loi Jourdan permet "que le gouvernement soit toujours en état de faire la guerre" et impose à tous les garçons de se soumettre aux opérations du tirage au sort et du Conseil de Révision.
Au cours du 19eme siècle, une succession de lois modifie la durée du service militaire, les possibilités de remplacement et les conditions d'exemption.
Evénement capital, au début de l'année, dans tous les villages de France, tous les conscrits d'une même classe se rendaient au tirage au sort. Un simple numéro, tiré dans une urne, fixait leur destin. L'appréhension du verdict du hasard a donné lieu, un peu partout, à diverses traditions et superstitions, dont la fête des conscrits de Villefranche est une héritière privilégiée.
En 1872, la possibilité de se faire remplacer est supprimée mais le tirage au sort est maintenu pour déterminer les corps d'affectation.
Il faut attendre la loi du 21 mars 1905 pourvoir un service militaire véritablement obligatoire et égal pour tous, avec la suppression du tirage au sort. Seuls les inaptes physiquement restèrent exemptés.
Le service militaire passait pour un excellent instrument de formation du citoyen.
Tout au long du 20eme siècle, la durée du service militaire, devenu national, est successivement réduite. Finalement, la professionnalisation de l'Armée est décidée et le service obligatoire disparaît en 2001.